Vers un théâtre lesbien ?
Laboratoire Renversement(s)

L'hétérosexualité, souligne Monique Wittig, est un régime politique et une idéologie qui structure notre imaginaire. Cela signifie que tout art est a priori hétérosexuel, et que toute forme de théâtre, tant qu'elle ne renverse pas la pensée sur elle-même, est nécessairement hétérosexuelle. Mais cela signifie-t-il que nous, actrices, autrices, dramaturges et metteuses en scène lesbiennes, avons toujours fait du théâtre hétérosexuel jusqu'à aujourd'hui ? Sans nous en rendre compte ? Que serait un théâtre lesbien ? Quelles seraient ses formes ? Ses histoires ? Ses langages ? Ses relations aux corps et entre les corps ? Et quels corps d'ailleurs ?

À partir d'exercices scéniques, de lectures théoriques et d'explorations de l'intime, nous lançons une recherche organisée autour de deux axes principaux : constituer un corpus et interroger le regard. Nous partons d'une réflexion sur l'intersectionnalité pour explorer nos propres souvenirs, mener des entretiens avec des lesbiennes et nous plonger dans les archives historiques. Ces matériaux sont nécessaires pour nourrir notre imagination, car les expériences lesbiennes sont largement invisibles, y compris pour nous, et le théâtre lesbien n'existe pas encore, du moins pas dans un projet qui, comme le nôtre, combine pratique scénique et réflexion critique. Les entretiens donneront lieu à des publications en collaboration avec l'UCLouvain. Le regard violent, parfois objectivant ou discriminatoire, est constitutif de l'expérience lesbienne dans notre société, et il détermine largement la relation que chaque personne développe avec son propre corps. Pour le questionner et le transformer, nous souhaitons collaborer avec un chorégraphe, un costumier et un éclairagiste et imaginer des formes théâtrales émancipatrices tant pour les acteurs que pour les spectateurs.

Le groupe est composé de Julie Baffier-Caliciuri, Marthe Degaille, Madeleine Camus, Caroline Godart, Anaïs Moray, Alix Marval.

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